Auteure: Patricia Robin
Le plaisir d’enseigner le français ne doit pas s’avérer un acte égoïste, il doit être partagé. Il n’y a rien de plus désagréable que d’être contraint à s’astreindre à une théorie ou à des exercices académiques; on n’a qu’à se rappeler, enfant ou adolescent, des matières donnant maille à partir. Devenir récalcitrant à un champ d’études peut le rendre indomptable, voire honni. Aussi, pour enseigner une langue seconde dans un contexte de travail ou de perfectionnement, il faut partager le plaisir de celle-ci, provoquer la curiosité chez l’apprenant, élucider la provenance de certains mots, évoquer la parité avec une autre langue connue, créer des parallèles ou des trucs mnémotechniques. Bref, on doit s’amuser avec elle et lui donner un aspect ludique, abordable, ami.
On doit donc, dès la première rencontre, bien circonscrire les besoins spécifiques de l’apprenant, connaitre ses loisirs, son métier, les raisons pour lesquelles il se retrouve devant nous. En planifiant les leçons ou en fournissant des exemples pour expliquer certains concepts ou situations, on peut mieux répondre à ses intérêts multiples et attirer davantage son attention. Évidemment, l’humour doit faire partie de l’échange. Ainsi, les notions restent ancrées plus aisément; son souvenir inculqué, plus agréable. Cependant, le cours ne doit pas constituer un spectacle de divertissement, il doit demeurer une période plaisante dans le cadre du travail de l’apprenant afin qu’il mette en pratique les éléments à assimiler.
De plus, afin de créer un peu d’ambiance, rien ne vaut une expression locale et ses origines pour offrir un peu de couleur à la leçon et faciliter l’intégration; quelques exercices de diction ou de phonétique avec des virelangues, provocateurs de fous rires; quelques anecdotes reliées à la langue d’apprentissage ou à la langue natale de l’étudiant. En fait, ne jamais perdre de vue le plaisir de l’échange, de l’écoute aide à la préhension de ce code linguistique difficile et tortueux que représente le français. Et surtout, il ne faut jamais oublier que, comme le chantait Yves Duteil, « C’est une langue belle avec des mots superbes/Qui porte son histoire à travers ses accents ».